Martinique – Un survivant de St Pierre
Leboullanger – éditeur, Fort de France – Cliché Fabre
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Sur cette carte postale un des survivants de Saint Pierre « Louis Cyparis, surnommé « Sanson »
Le 8 mai 1902, à 7h50, le volcan de la montagne Pelée émet une énorme détonation et réveille les habitants de Saint-Pierre, en Martinique.
Quelques minutes plus tard, les 30 000 habitants de cette ville meurent, brûlés et asphyxiés. Le lendemain de la catastrophe, les sauveteurs ne retrouvent que deux rescapés : un prisonnier à l’abri dans sa cellule fait d’épaisses pierres qui résista au souffle dévastateur du volcan, et sauva ainsi la vie de son occupant, et un cordonnier enfermé dans son échoppe.
Voici une partie de lettre écrite par le père Mary au sujet de Cyparis.
Fort de France Hôpital Militaire, 30 juin 1902
Le Père J. MaryCuré, Du Morne Rouge à Monsieur le Gouverneur de la Martinique
Monsieur le Gouverneur, pour répondre immédiatement aux désirs que vous m’ avez exprimés ce matin j’ai l’honneur de vous dresser les quelques notes suivantes concernant le prisonnier sauvé de la catastrophe du 8 mai et réfugié au Morne-Rouge
Le dimanche 11 mai à 6h12 du soir après les dernier exercices donnés à l’église de N.D. de la Délivrance je reçu l’avis qu’ un prisonnier de la maison centrale de St-Pierre, tout couvert de brûlures réclamait mon ministère sous le portique.
Aussitôt j’arrive et je vois un homme d’environ vingt-cinq ans racontant ingénument son histoire à la foule qui l’entourait. Pendant que je faisais chercher du bouillon et un punch bien étendu d’eau pour relever les forces du malade et que par ailleurs je m’occupais de lui procurer une maison et des infirmières assez capables, je recueillis son histoire que je crois reproduire aussi exacte que possible.
Louis Cyparis dit Sanson) était un travailleur du Prêcheur, tantôt marin tantôt cultivateur. Un jour bans une partie de plaisir il s’était pris de querelles avec l’un de ses camarades qu’ il avait blessé d’ un coup de couteau. Arrêté, on l’avait condamné pour un mois à la goêle. il avait presque fini son temps lorsqu’on le conduisit en ville pour quelques corvées à remplir, il apprenait qu’ il y avait fête au Prêcheur tous ses instincts se réveillait, il s’échappa va danser toute la nuit et le lendemain vient se constituer prisonnier pour achever sont temps.
Pour faire une leçon à lui et aux autres prisonniers, il fut alors condamné à huit jours de cachot, et c’est pendant ce temps que l’éruption du 8 mai s’abattit sur Saint-Pierre. Il était huit heures, dit-il on n’était pas encore venu m’apporter la ration du jour quand tout à coup un bruit effroyable se fit entendre, tout le monde criait au secours, je brûle, je meurs … Au bout de cinq minutes personne ne criait plus, excepté moi, lorsqu’une fumée se précipitait avec violence par la petite fenêtre de ma porte. Cette fumée brûlait tellement que pendant un quart d’heure, je sautais à droite, à gauche, en l’air.
Lettre du père Mary au sujet de Cyparis seul rescapé. Collection Archives départementales de la Martinique : 1 M 10755