Histoire de l’Aviation – Le 9 décembre 1909 M Farman vole sur la-campagne de-Buc à Chartres
Carte N° 82 – Photo S.A.F.A.R.A reproduction interdite
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Voici ce que l’on pouvait lire le 10 décembre 1909 sur cet exploit de Maurice Farman. C’était il y a 106 ans … c’est-à-dire pas grand-chose quand on voit aujourd’hui ce qu’est devenue l’aviation. « 70 kilomètres » C’est le plus long vol de ville à ville qui ait encore été effectué. Maurice Farman, qui, sans bruit, s’était mis à construire, voici bientôt un an, un aéroplane de son invention, avec lequel il réalisait, ces derniers temps, quelques jolis vols d’entrainement, vient, d’un seul coup, de s’imposer à l’attention du monde sportif, effectuant, d’une traite, le plus long voyage aérien en aéroplane de ville à ville qui ait encore été enregistré. Versailles-Chartres, soit environ 70 kilomètres à vol d’oiseau, telle est
la performance du jeune et audacieux sportsman. Maurice Farman, était prêt à tenter l’aventure. Aussi, quand, hier, j’arrivai au hangar, du Trou-Sale, tout près de Buc, aux portes de Versailles, je ne rencontrait que peu de monde. Trois ou quatre automobiles seulement , voitures d’amis intimes qui se disposaient à faire de leur mieux pour suivre l’oiseau mécanique. À deux heures de l’après-midi, le biplan était sorti du hangar et l’aviateur, aidé de son chef mécanicien Derôme, donnait un dernier coup d’oeil au moteur, au mécanisme, au fil de tension. Tout étant prêt, Maurice Farman endossait un vêtement spécial, douillettement doublé de fourrure, se coiffait d’un épais passe-montagne, se chaussait d’imperméables Laupars », autrement dit souliers norvégiens en peau de phoque, et grimpait sur son siège étroit. Le moteur, aussitôt mis en marche, entonnait sa chanson régulière, cependant que l’hélice ronflait comme une toupie. Deux secondes après, léger, gracieux, l’aéroplane quittait la terre et s’envolait vers le sud dans un radieux soleil, mais dans une atmosphère glaciale. Aussitôt, les automobiles présentes se mettaient, elles aussi, en route et de toute leur vitesse tentait la poursuite. Course vaine. Ces routes ne sont point tirées aux cordeau et s’éloignent fort du plus court chemin d’un point à un autre. Bientôt, petit à petit, à une altitude d’environ 80 mètres, le biplan disparaissait à l’horizon. Malgré tous nos efforts, nous ne réussissions à rejoindre l’aviateur qu’à son hangar établi voici quelques semaines aux portes de la cité chartraine. Maurice Farman, entouré d’une foule nombreuse, en toute hâte accouru de la ville, allait et venait tranquillement autour de son appareil, attendant ses mécaniciens. Ceux-ci aussitôt arrivés, le jeune Aviateur, leur remettant le soin de l’appareil, montait dans son automobile et rentrait à Paris, ou comme on le sait il dirige, avec M. Neubauer, le palais de l’Automobile, 218, boulevard Pereire. Au cours de ce voyage de 70 kilomètres, l’aviateur avait successivement passé au dessus des localités de Trappes, Verrières, le Peray, Rambouillet, Orphin, Gallardon et Coltinville, franchissant entre autres la profonde vallée de Gallardon. Le temps exact de l’envolée fut de 53 minutes, soit une vitesse moyenne réalisée de 80 kilomètres à l’heure. Nous croyons savoir, qu’encouragé par ce magnifique résultat, Maurice Farman se propose de continuer ces jours-ci ses expériences de grand tourisme aérien. Qui sait, nous apprendrons peut-être ces jours-ci qu’il est arrivé à Bordeaux autrement que par le rapide de l’Orléans. ( le petit Parisien 1909)
Voici le Parcours de Buc à Chartres effectué par Maurice Farman le 9 décembre 1909