Angers – Le Jeu boules de Fort – De tous les jeux populaires en Touraine et en Anjou, le plus noble est bien celui de « la boule de fort ». Cette boule, cerclée de fer, présente deux calottes symétriques dont l’une est légèrement évidée en cuvette. Le côté faible s’oppose au « fort ». Le jeu de boules de fort est un rectangle de 25 mètres sur 7 environ, creusé en gouttière régulière et limité à chaque bout par un madrier. Le sol, de glaise battue, est finement sablé, et roulé. Les bons jeux sont couverts et peuvent être utilisés par tous les temps. Le profil des boules de fort est très variable, allant de la boule presque plate à celle presque sphérique. La boule plate lancée sur une surface plane suit une trajectoire presque rectiligne tandis que celle plus ronde décrit une courbe plus ou moins prononcée suivant qu’elle a plus ou moins de « fort ». A cette époque chaque pays avait son jeu de boules : à Paris, ce n’était qu’un jeu de quilles, à Lille et dans le Nord, la boule était un lourd et épais disque de bois dur que l’on fait rouler le long d’un terrain en pente vers une bille, qui servait de but. Dans l’Anjou, le jeu de « boules de fort »se rapprochait beaucoup du jeu lillois, avec cette différence que la boule n’est ni sphérique ni plate. Elle est plate d’un côté et sphérique de l’autre, c’est une boule mi-partie. Un poète angevin, M.A.J Verrier, a chanté la Boule de fort sur l’air du Roi d’Yvetot :
Boston, poker, bridge et piquet,
Et manille à l’enchère,
Whist, polo, tennis et croquet,
A peine on vous tolère.
Et pour nous, vrais amis de l’art,
Tu nous parais un corbillard,
Billard.
Le sable, fin comme un velours,
S’unit sous le « rouable »,
Étendant sur tout le parcours
Un tapis admirable.
Les deux côtés se recourbant
Vont en deux pentes, doucement
Montant.
En bois dur, cormier, frêne ou buis,
Ivoire boule est ouvrée;
L’un’ de ses faces s’aplatit,
L’autre reste cintrée.
Le cercle d’acier qui reluit
Est, chaque jour au tripoli,
Poli.