Et si on allait faire une petite partie de pêche dans le bief du moulin de la Maladrerie. ?
Nous sommes dans les années 1910, à cette époque le maire de Courtenay est M. Chesneau et son juge de paix M. Grelliche. En ce qui me concerne, pas de partie pêche sans une bonne bouteille de vin et du petit salé.
En 1910, nos pêcheurs de la Cléry devaient eux aussi être passés dans une des trois charcuteries de Courtenay tenues par de M. Lhermitte, M. Patard ou M. Raignault pour acheter du petit salé ou un bon saucisson. Pour le vin, M. Luquet, M. Michot ou M. Narbonne étaient les vendeurs les plus connus des Curtiniens.
Voilà ce que l’on pensait à la belle époque de la pêche à la ligne. La pêche était considérée comme la chasse du pauvre, un plaisir de tous les âges, un passe-temps pour les travailleurs retraités et un moment de détente bien mérité pour les ouvriers après une semaine passée au travail, dans l’atmosphère enfumée des usines ou des ateliers.
La classe laborieuse formait en 1910 à elle seule 90 % des habitués des bords de l’eau et de la pêche à la ligne. Par des belles journées ensoleillées, les heures à la pêche passent sans que l’on s’en aperçoive, tout simplement en humant à pleins poumons l’air pur et vivifiant de la campagne et en regardant son bouchon.
N’allez pas croire que ces pêcheurs à la ligne remplissaient des bourriches de truites sauvages. En 1910, la disparition des truites indigènes inquiète déjà de nombreuses personnes qui pensent que les déversements de truites arc-en-ciel pour le repeuplement des cours d’eau ne sont pas une très bonne solution. Des personnes vont même jusqu’à représenter cette espèce comme ne justifiant pas les éloges qui lui étaient presque unanimement accordés dans les années 1900.
En effet, presque toujours, les rivières positivement favorables à la truite commune conviennent moins bien à la truite arc-en-ciel, et réciproquement. D’une façon générale, sans s’exclure mutuellement, les deux espèces ne paraissent pas pouvoir être, avec avantage, mises ensemble dans une même rivière, attendu que, d’ordinaire, dans ce cas, une des deux seulement réussit d’une façon satisfaisante.