L’appareil après la chute des fréres Morane le 5 octobre 1910
Carte photo , Photographe Reitter, 26 boulevard de Créteil, à Saint Maur
Dos séparé – circulé à découvert
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Cette carte postale est légèrement abimée en haut à gauche mais ce petit défaut ne retire en rien à la rareté de cette carte photo qui reste un témoignage de cet accident des Frères Morane.
Voici ce que l’on pouvait lire le 06 octobre 1910 sur le Petit Parisien:
— Je partirai demain matin, si le temps n’est pas trop mauvais, m’avait déclaré avant-hier soir Léon Moran descendant de son appareil après ses ultimes essais.
L’audacieux aviateur fit ce qu’il avait dit Mais, hélas ! comme on le verra plus loin, le succès n’aura pas récompensé son courage- A l’heure actuelle, Léon Morane et son frère Robert, qu’il rêvait de voir partager sa gloire, gisent grièvement blessés sur des lits d’hôpital
Le départ..!
Dès le lever du jour, Morane et son frère se rendaient au hangar qui abritait leur appareil sur le champ de manœuvre d’lssy-les-Moulineaux.
Le départ : Déjà des mécaniciens jetaient aux agrès un dernier coup d’œil et faisaient le plein des réservoirs d’huile et d’essence,
M. Blériot, constructeur de l’appareil, avait tenu à être là et s’assurer par lui-même du bon état de marche du monoplan à deux places qui allait emporter les deux jeunes gens.
Peu à peu, la foule des curieux arriva à son tour et, à neuf heures, on pouvait estimer que deux à trois mille personnes environ se pressaient tant sur les fortifications que sur le champ de manœuvres même.
A ce moment, Morane. aurait voulu partir, mais la brume matinale était encore trop dense. On n’y voyait guère à plus d’un kilomètre devant soi
Il fallut attendre. Ce que l’aviateur fit patiemment, tout en nous disant ses projets et ses espoirs.
— Nous nous ravitaillerons en essence à Nevers où un ami m’attend. Il faudra pour cela un quart d’heure, le temps de manger un peu, et de boire un verre de Champagne.
Et puis, nous repartirons. J’espère accomplir le parcours total en 5 heures et demie,tout au plus.
Le seul point noir, c’est l’atterrissage là-haut, au puy de Dôme.
L’endroit désigné est une petite plateforme de rocailles, avec un mur au bout. Sûrement, nous irons buter contre ce mur, mais mon frère y a fait déposer un matelas de paille et de foin.
Tout en causant ainsi, le temps passe et la brume s’enfuit A 9 heures 30 Morane dit :
« Je vais partir. Allons, en route. » Le monoplan est alors sorti du hangar. Bientôt, côte à côte, Léon et Robert chaudement couverts, sont installés sur leurs sièges étroits. Léon prend le volant et fait manœuvrer les commandes. Son frère, souriant, répond aux amis qui lui souhaitent bon voyage, tout en préparant une carte de l’itinéraire à suivre. L’hélice maintenant tourne et les cent chevaux Gnome grondent ! Léon Morane lève la main. L’appareil, lâché par les aides, s’enfuit et vingt mètres après, bondit dans l’atmosphère, se dirigeant vers Saint-Cloud où, au parc de l’aéro-club, le chronométreur doit le contrôler, conformément au règlement ; il est 9 heures 45.
Au parc de Saint-Cloud..!
Outre les officiels délégués et le chronométreur officiel, quelques sportsmen attendent là pour, d’un signe de leur mouchoir, envoyer un dernier encouragement aux deux aviateurs.
A neuf heures quarante-huit minutes le monoplan parait, venant à une vitesse de plus de cent kilomètres à l’heure- En un instant il est au-dessus de notre tête.
Un virage audacieux « sur une aile » et voici le grand oiseau parti, cette fois, définitivement à la conquête du vieux pic de 1 l’antique Arverne.
Quelques secondes à peine et Morane a disparu à nos yeux.
Un peu émotionné, chacun rentre maintenant a Paris attendre des nouvelles, tandis que les chronométreurs notent officiellement l’heure du départ : 9 h. 48 m. 33 s.
La chute..!
A l’Aéro-Club où nous arrivons à 11 h. 1/2, un bruit sinistre nous accueille. On dit que Morane et son frère sont tombés à leur sortie de Paris, près de Boissy-Saint-Léger.
Peu après, en effet, le téléphone nous confirmait la triste nouvelle.
Entre Sucy-en-Brie et Bonneuil, Morane passait un peu après dix heures, se dirigeant vers Melun, lorsque tout à coup les spectateurs virent le monoplan tomber d une hauteur de 40 à 50 mètres.
On se précipita au secours des deux aviateurs qui gisaient sous les débris de leur aéroplane. Le pilote, Léon Morane avait conservé toute sa connaissance. Quant à son frère. Robert, il avait le visage ensanglanté et était inanimé Au bout de quelques minutes cependant, il reprenait ses sens.
A l’hôpital de Brévannes !
Aussitôt que fut connue la nouvelle de l’accident, les docteurs Mary, Clermand, Ferrand et Carton, attachés a l’hôpital de Brévannes, se rendirent sur les lieux, accompagnés d’infirmiers et de brancardiers.Ils donnèrent aux deux blessés les soins urgents, puis les firent transporter, à bras d’hommes, jusqu’à l’hôpital. Ce voyage de trois kilomètres à peine dura près d’une heure, les brancardiers étant obligés de s’arrêter très fréquemment en raison des violentes douleurs éprouvées par les blessés.
A l’arrivée à l’hôpital, Léon et Robert Morane furent conduits dans une salle spécialement aménagée, au premier étage.
Après un examen rapide, les docteurs déclarèrent que Robert Morane portait une fracture de la jambe droite dont ils ne pouvaient diagnostiquer la gravité et une luxation de la hanche gauche. Son frère Léon Morane avait une fracture de la jambe gauche. I’un et l’autre avaient en outre des contusions multiples, notamment au visage.
Entre temps, des chirurgiens étaient montés de Paris et, après une consultation, le bulletin suivant était publié dans J’après-midi :
Les plaies apparentes sont sérieuses ; cependant on ne peut passe prononcer avant quarante-huit heures, et a moins de complications internes il y aurait quelque espoir.
Aussitôt après sa chute, Léon Morane avec un admirable sang-froid, avait fait expédier un télégramme à sa grand mére.
Celle-ci accourut tout de suite, accompagnée de son troisième petit-fils. Ses terreurs étaient grandes ; mais lorsqu’elle vit que ses deux petits-enfants la reconnaissaient parfaitement, elle fut un peu rassurée. Néanmoins, elle ne voulut pas les quitter et demanda ce qui lui fut accordé à passer la nuit dans une pièce contiguë à celle qu’ils occupaient.
Les causes de l’accident..!
Deux versions — qui ne diffèrent du reste que sur les détails ont été données l’accident des frères Morane.
La première nous a été fournie par M. Blériot.
D’après le célèbre aviateur, qui a examina les débris de l’appareil, la chute est due à une cause tout à fait fortuite : les aviateurs avaient emporté au dernier moment des bidons d’essence qu’ils avaient posés sur leur plancher.Un de ces bidons, en glissant, est vent se placer sous la cloche de direction et l’a complètement immobilisée, empêchant ainsi tout fonctionnement du gauchissement et du gouvernail de profondeur.
La seconde version nous a été donnée par M. Léon lui-même.
L’aviateur constata que l’une de ses commandes n’obéissait plus. Pour quelle raison ? Il suppose qu’elle devait être ou brisée ou coincée.
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Mon grand-oncle Léon Renevret, mécanicien d’aviation militaire, originaire de Guérigny(Nièvre), a été tué par les touaregs au Sahara (à Aïn-guettara) en février 1918, lors de la première tentative de traversée du Sahara, avec 10 autre soldats de l’aviation.
J’ai retrouvé tous les télégrammes échangés entre le ministère et l’Algérie.
La traversée du Sahara ne fut effectuée que plusieurs années plus tard. Pierre Guibert