Saint-Georges du Rosay – Route de Bonnetable
édition G. Deluard
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Partons à Saint-Georges-du-Rosay dans la Sarthe en région Pays de la Loire en 1900. À cette époque les 897 habitants ont élu comme maire monsieur Lechat. L’histoire qui va suivre est tellement bête que l’on pourrait croire que je l’ai inventée, mais pourtant cette histoire est malheureusement vraie. Un cultivateur de Saint-Georges-du-Rosay, Louis Rebrassé, quittait son domicile, pour braconner : La peur des gardes lui avait fait cacher sous sa longue veste son fusil . En passant une haie, son arme s’accrocha et le coup partit. La charge fit balle et atteignit l’imprudent à la jambe gauche, la lui labourant profondément, du jarret à la cheville. Il s’affaissa, perdant beaucoup de sang, son chien, par ses aboiements furieux, attira l’attention des voisins. Le malheureux, qui arrosait de son sang la terre gelée, se crut sauvé. Il comptait sans unassistant qui s’écria tout à coup : » ne l’emportez pas avant que le maire ne vous y ait autorisé ». Réfléchissez ! On peut vous faire, si vous l’enlevez, un procès qui vous coûtera plus de deux mille francs. Deux mille francs ! Les hommes s’arrêtent, se concertent et, finalement, décident qu’on attendra, avant d’enlever le blessé qui râle, l’arrivée du maire. Mais M. le maire habite à cinq kilomètres de là. Et, lorsqu’on arrive chez lui, on apprend qu’il est allé se promener à trois kilomètres de son domicile. On le piste, on le trouve. Il s’empresse d’accourir et blâme fortement ses administrés de leur coupable préjugé. Un médecin est enfin appelé… et constate que, pendant les quatre mortelles heures qu’il a passées étendu sur le sol, le malheureux Rebrassé a son pied exsangue gelé ! Il était trop « tard ! Malgré des soins empressés, le pauvre diable est mort des suites de sa blessure. « Sept enfants et une femme sur le point d’être encore une fois mère pleurent maintenant sur sa tombe. Cette histoire date de 1900 mais la non-assistance en personne en danger aujourd’hui est encore bien réelle quand on voit la triste situation de certaines personnes dans nos villes « civilisées ».