2639 – La Boutique de marchand de Cheveux (Morbihan)
Scène de Foire – Collection E Hamonic, SB
dos séparé – non circulé
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Ce sont les paysannes qui donnent leurs cheveux pour l’enjolivement des dames riches. C’est parmi les classes pauvres, ignorantes souvent de leurs magnifiques parures naturelles, qu’on doit aller chercher ces trésors soyeux aux quatre coins de la France. La cérémonie se passe les jours de grandes fêtes et jours de foire, c’est par la coquetterie que le marchand de cheveux attire les passantes et les convainc de lui vendre leurs cheveux. C’est rarement une somme d’argent qu’il leur offre en échange, mais quelque menu ornement de toilette, un fichu en toile, un bonnet neuf et léger. Les paysannes hésitent, tentées, incertaines, timides. Le marchand est tellement engageant; il parle si bien et sur tout il parle si haut, qu’une des écouteuses s’avance, se décide. Elfe choisit parmi les colifichets qui l’attirent et l’émerveillent, puis défait sa coiffe, laisse ses cheveux se dérouler sur ses épaules. Les paquets de cheveux s’entassent dans le sac de l’acheteur de chevelures, le lendemain il fera une autre localité proche, et ainsi de suite, tant que durera la saison de cette moisson d’un nouveau genre.
Et elle se fait de mai à juin et de septembre à novembre six mois avec un mois d’interruption pour la vraie moisson en Vendée, en Bretagne, en Normandie, en Limousin, en Auvergne et dans les Pyrénées. Ce n’est toutefois pas sans de multiples apprêts, on le devine, que les cheveux passent de la tête de leurs propriétaires à celle des poupées de cire et des perruquiers.
Le petit Parisien de 1900