1. Port-Aviation – Grande Quinzaine de Paris du 3 au 17 octobre 1909 – Latham sur son Aéroplane passe au-dessus des Tribunes .
éditeur E.M
dos séparé – non circulé – Tampon de port Aviation – Quinzaine de Paris du 3 au 17 octobre 1909 à Juvisy.
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En ce dimanche 17 octobre 1909, le public est venu, relativement peu nombreux, et si les pelouses et le pesage étaient assez bien garnis, les spectateurs étaient clairsemés aux places populaires. Le temps, du reste, s’annonçait mal. Depuis le matin, un vent violent, atteignant par instant près de 40 kilomètres à l’heure, sévissait, et l’on pouvait craindre que toute sortie d’aviateur fût impossible.
Cependant, vers trois heures, quelques gouttes de pluie se mettaient à tomber, et le vent cessait complètement. Les oiseaux mécaniques, pourtant, restèrent au nid, et c’est seulement à 4 heures 20 que Latham, le premier, amena son appareil sur la pelouse.
Pendant ce temps, De-Lambert avait fait ses préparatifs, et, à 4 heures 25, il s’élançait de son pylône à une hauteur de 15 à 20 mètres, il couvrit 18 kilomètres, en 16 minutes 47 secondes. Ce résultat, peu important, lui valait la victoire dans la seule épreuve que comportait le programme de la journée, le prix de l’ Aéro-Club de France , course de « plus longue distance ». En effet, ses concurrents allaient réussir moins bien : Gobron couvrait seulement un peu moins de 10 kilomètres en 7 minutes 47 secondes; Latham s’arrêtait après avoir parcouru environ 800 mètres et être allé s’enliser dans un marécage ; les autres, Baratoux, Gaudart, Bregi, n’étaient pas parvenus à s’enlever sur plus de quelques mètres. Les dimanches se suivent et ne se ressemblent pas, heureusement pour le personnel de la gare de Juvisy. Autant la soirée du dimanche 10 octobre 1009 avait été mouvementée, tumultueuse, autant que celle d’aujourd’hui fut calme.Toutes les mesures avaient d’ailleurs été prises, soit par l’autorité administrative soit par les directeurs des deux compagnies de chemins de fer desservant afin de prévenir le retour des regrettables incidents qui se produisirent il y a sept jours.
Et puis, il faut bien le dire, l’affluence fut hier beaucoup moins considérable que le dimanche précédent. C’est à peine, en effet, si le P. L. M. et le P. O. amenèrent à 45.000 voyageurs, soit 7 à 8.000 de plus que jeudi. La grande foule s’était abstenue soit qu’elle eût redouté de voir se reproduire les difficultés de transport du dimanche précédent, soit que le temps incertain l’eût arrêtée, soit enfin que le départ de la plupart des grands ténors de l’aviation eût calmé son enthousiasme. Quoi qu’il en soit tout s’est passé dans l’ordre le plus parfait. D’ailleurs tout avait été prévu pour éviter l’encombrement.
A la gare de Juvisy
Pour le retour, d’importantes forces avaient été mises à la disposition de MM« Emery, sous-préfet ; Houdaille, commissaire spécial chargé du service d’ordre ; Jouven, commissaire adjoint, et le général Azibert. Comme ils l’avaient fait jeudi dernier, les sapeurs du génie, les zouaves et les fantassins canalisaient la foule et la retenaient derrière divers barrages échelonnés le long de la route, de manière à empêcher l’envahissement de la gare et des quais. On ne laissait accéder sur ces derniers que le nombre de voyageurs, 7 à 800 que chaque train sous pression pouvait emporter. Et pour charmer les loisirs de l’attente la musique du 76e d’infanterie exécutait les meilleurs morceaux de son répertoire.
Vers huit heures et demie, le gros des spectateurs était reparti, il était désormais certain que les Parisiens ne passeraient pas la nuit à Juvisy comme nombre d’entre eux l’avaient fait le dimanche précédent. A neuf heures du soir, le général Azibert et M.Houdaille levaient le service sans qu’on eût eu à déplorer d’ Incident d’aucune sorte. « Le petit parisien Octobre 1909 »