Souvenir du Voyage à Toulouse de M.Raymond Poincaré, du président de la république ( 17-18 septembre 1913)
Edition Bayard – dos séparé – circulé sous enveloppe
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M.R Poincaré à l’Arc de Triomphe de l’Agriculture. dans la Voiture, à gauche de M. Poincaré, M. Cruppi, président du conseil Général de la haute-Garonne.
Viendra par la suite le banquet monstre du Conseil général. Le banquet offert au Président de la République par le conseil généra! de la Haute-Garonne a lieu dans le grand huit de l’arsenal, où l’on a réussi à placer deux mille cinq cents couverts. Ce hall est décoré de milliers de pavillons, de plantes vertes et de trophées d’armes. Derrière la table d’honneur, longue de trente mètres, on a tendu du velours rouge à crépines d’or ; le reste des murailles est drapé de blanc-crème, sur lequel flottent des drapeaux tricolores. Le Président de la République arrive à midi et demi, dans sa
Daumont escortée de gendarmes, sabre au clair. Dans le hall, les invités font une ovation prolongée au chef de l’état. M. Raymond Poincaré salue et sourit, puis s’assied et, à son exemple, prennent place : MM. Delcassé, ambassadeur de France en Russie, ancien ministre, député de l’Ariège; Clémentel ministre de l’Agriculture ; Bepmale, sénateur ; Raymond Leygue, Honoré Leygue, les généraux Chomer, Pau, Roques, Faurie, de Mas-Latrie, Plagnol, etc. Au Champagne, c’est M. Cruppi, président de l’assemblée départementale, qui parle le premier. Il remercie le Président au nom de Toulouse républicaine, « au nom de la région la plus attachée à la démocratie ». Le Président parle et ce n’est qu’une ovation. Quand M. Poincaré se lève c’est, pendant quelques instants, un tel tonnerre d’accla mations, qu’il ne peut parler, mais bientôt, de cette voix mordante métallique, sonore, qu’il a habituée à dominer les tumultes du Parlement. M. Poincaré parle sa parole bril lante, imagée, fleurie, solide, porte comme des balles des mots définitifs et, quand il parle de cette Toulouse , qui est comme une Rome, ou une Florence française, la foule applaudit frénétiquement. Mais, quand il aborde la description de la Toulouse moderne, active, industrielle rénovatrice, républicaine, l’ovation devient délirante et se reproduit quand il entame l’éloge de l’armée.